Le règne de Philippe II, dit Philippe Auguste, constitue un tournant décisif dans l’histoire de la monarchie capétienne et pour l’extension du royaume de France. « A son avènement en 1180, écrit l’historien Robert-Henri Bautier, il était encore un des princes féodaux. A sa mort, en 1223, la France était un Etat, et sans doute, depuis le triomphe de Bouvines, le plus puissant et le plus prospère de l’Europe : le siècle d’or de Saint Louis était commencé ». En conclusion de sa biographie (dans les sources), le médiéviste Jean Flori écrit qu’ « aucun roi avant lui n’avait laissé un tel bilan. Il a assuré sa descendance, remporté la victoire sur tous ses puissants voisins et donné la paix au royaume ; il a amélioré son administration et ses finances, et agrandi considérablement le domaine royal. »
La jeunesse de Philippe Auguste
La naissance de Philippe II en 1165 est perçue comme un don de Dieu par la famille royale : en effet, cela faisait trente ans que Louis VII attendait un héritier mâle pour le trône et c’est sa troisième épouse Adèle de Champagne qui le lui donne. Philippe reçoit le surnom de « Dieudonné ».
Il devient roi en 1180, à l’âge de quinze ans, à la mort de son père. Il s’est déjà fait sacrer l’année précédente à Reims. L’une des premières décisions du nouveau roi est d’expulser les juifs et de confisquer leurs biens (1182) afin de remplir les caisses du Trésor royal. En 1181, il fait face avec succès aux ambitions du comte de Flandre, Philippe d’Alsace, dont il dénoue les alliances. Les Plantagenêts, qui ont de nombreuses possessions sur le continent, sont un autre souci. Il joue la carte de la division en soutenant les fils de Henri II, dont Richard, contre leur père, puis en attisant la rivalité entre Richard et son frère Jean.
Couronnement de Philippe Auguste (Grandes Chroniques de France).
La troisième croisade
Lorsque la chute de Jérusalem, reconquise par Saladin en juillet 1187, parvient en Europe, le pape Grégoire VIII appelle à une nouvelle croisade en octobre 1187. Richard répond très vite à l’appel, dès novembre. Philippe II est plus réticent, se méfiant de Henri II Plantagenêt. L’archevêque de Tyr, Josse, qui prêche la croisade à Gisors, parvient à les convaincre ; mais Henri II disparaîtra avant le départ prévu en 1189. Avant son départ, Philippe II nomme la reine-mère Adèle régente du royaume, étant assistée de l’archevêque de Reims. Les préparatifs étant longs, la date du départ est reportée : Philippe et Richard ne partent qu’en juillet 1190. L’entente est alors bonne entre les deux rois. Des tensions apparaissent en Sicile : Richard y entre en premier, triomphalement, ce qui suscite une certaine jalousie chez Philippe ; un peu plus tard, le maître de l’île, Tancrède, cherche à dresser les deux rois l’un contre l’autre, avec quelques succès. Après l’épisode sicilien, Philippe parvient à Saint-Jean-d’Acre en avril 1191. Il intensifie le siège devant la ville (des croisés étaient déjà présents), mais il ne parvient pas à la prendre avant l’arrivée de Richard, qui a entre temps conquis Chypre ! C’est un nouveau motif d’aigreur pour le roi de France. Les deux rois contractent durant le siège la suette, mais la maladie se traduit de manière plus grave chez Philippe qui perd ses cheveux et poils. Les assiégés d’Acre capitulent le 12 juillet 1191.
Philippe Auguste et Richard reçoivent les clés d’Acre (Grandes Chroniques de France de Charles V, XIVe siècle).
Philippe, à la santé chancelante, décide de rentrer en France tandis que Richard poursuit sa croisade, décidé à reprendre Jérusalem. Inquiet, Richard demande à Philippe de jurer sur les reliques qu’il n’attaquera pas ses terres et ne lui nuirait en rien en son absence. Le roi de France jure. Le 3 août 1191, Philippe quitte Tyr pour la France.
Le retour en France
Revenu en France, Philippe Auguste fait saisir l’Artois, revendiqué depuis la mort de Philippe de Flandre en croisade. Il profite de l’absence de Richard pour prendre le Vexin normand et Gisors, territoires qui constituaient l’ancienne dot d’Aélis, fille de Louis VII, qui s’était mariée avec Henri le Jeune fils de Henri II. Le roi de France juge que le roi d’Angleterre occupe ces terres injustement. Il refuse cependant d’aller plus loin en raison de la protection juridique des terres de Richard due à son statut de croisé. De son côté, Richard renonce à Jérusalem, conclut un traité avec Saladin et s’embarque pour l’Angleterre le 9 octobre 1192. Le navire de Richard essuie une tempête et aborde en Istrie ; le roi est capturé peu après par Léopold d’Autriche, un de ses rivaux, puis revendu l’empereur Henri VI qui informe Philippe Auguste. Ce dernier demande à ce que Richard soit retenu prisonnier et profite de la situation. En Angleterre, Jean fait courir le bruit que Richard est mort et se proclame roi. Philippe Auguste envahit la Normandie, considérant que Richard n’est plus un croisé mais seulement un ennemi prisonnier. Richard est libéré le 4 février 1194 en échange d’une forte rançon versée par sa mère Aliénor d’Aquitaine. « Le diable est déchaîné » écrit Philippe dans une lettre à Jean.
Philippe Auguste face à Richard Cur de Lion
Richard est décidé à faire payer Philippe et ses ennemis. Jean se hâte de demander le pardon de son frère et l’obtient. Richard débarque à Barfleur en mai 1194. À Verneuil, il met fin au siège entrepris par le roi de France, puis il affronte les troupes de Philippe Auguste à Fréteval le 4 juillet 1194 : c’est une déroute pour Philippe. Il manque d’être capturé, perd son trésor et de nombreux documents de la chancellerie royale. Cette perte met fin à la tradition des archives itinérantes : Philippe organise la création des Archives royales, gardées dans un lieu fixe et protégé.
Les deux années suivantes sont marquées par des escarmouches en Normandie et en Berry. Richard, soucieux de consolider ses positions, entreprend en 1196 la construction de Château-Gaillard (actuel département de l’Eure), forteresse qui paraît imprenable. Les années 1197 et 1198 sont marquées par des succès diplomatiques pour le roi d’Angleterre : ce dernier soutient la candidature d’Otton de Brunswick pour le trône du Saint-Empire, contre Philippe de Souabe, soutenu par Philippe Auguste. C’est Otton qui est finalement élu. Parallèlement, il se rapproche du comte de Hainaut et de Flandre. Au cours de l’été 1197, une ambassade anglaise dépêchée auprès de Renaud de Boulogne et de Baudoin de Flandre aboutit à un renversement d’alliance : les deux hommes quittent le camp de Philippe pour celui de Richard. En 1198, Baudoin de Flandre envahit l’Artois, prend Aire et Saint-Omer. À Vernon (Normandie), l’armée française est battue par l’armée du Plantagenêt. Près de Courcelles une autre armée, à la tête de laquelle se trouve Philippe, est mise en déroute. En 1199, Richard assiège Chalûs-Chabrol, qui dépend du vicomte de Limoges, vassal de Philippe, passé du côté français. Il y meurt prématurément (à quarante-six ans) le 6 avril 1199, atteint par un carreau d’arbalète. L’ennemi le plus dangereux de la monarchie capétienne a disparu.
Château-Gaillard (photo de Sylvain Verlaine).
Philippe Auguste face à Jean sans Terre
Philippe Auguste est connu pour sa rivalité avec Richard Coeur de Lion, lequel a souvent mis le roi de France en échec sur les champs de bataille. Au contraire du roi d’Angleterre, Philippe n’est qu’un piètre chef de guerre mais il compense largement cette faiblesse par ses talents diplomatiques et sa capacité à diviser ses ennemis. La mort de Richard en 1199 ouvre de nouvelles perspectives pour le roi de France, Jean sans Terre, le successeur, n’ayant pas l’envergure ni le caractère de son défunt frère. Jean prête hommage en janvier 1200 au roi de France pour ses territoires continentaux et lui verse un droit de relief. Louis, héritier du royaume, épousera Blanche de Castille, une nièce de Jean.
Le conflit entre le Capétien et Jean éclate lorsque ce dernier décide d’enlever Isabelle, unique héritière du comte d’Angoulême pour l’épouser aussitôt. Isabelle devait épouser normalement Hugues de Lusignan, mais cette union dérangeait Jean qui y voyait une source de difficultés. Les Lusignan demandent à leur suzerain, Philippe, de trancher la querelle selon le droit féodal.
Philippe convoque Jean à sa Cour ; ce dernier demande sa sûreté pour aller et venir mais reçoit comme réponse : « Pour aller, oui ; pour revenir, cela dépendra du jugement des pairs ». Jean ne vient pas et Philippe, heureux de cette forfaiture, décrète la commise (confiscation) de tous les fiefs continentaux du roi d’Angleterre conformément au droit féodal. En 1202, Philippe envahit la Normandie pour faire appliquer la sentence. Il parvient à capturer la forteresse de Château-Gaillard, réputée imprenable, après près de deux ans de siège (on dit que les assaillants seraient entrés par les latrines). Peu à peu, Philippe parvient à récupérer tous les fiefs, excepté le Poitou. Philippe se décide à signer une trêve à Thouars, le 13 octobre 1206, avec le roi d’Angleterre.
Le projet de débarquement en Angleterre
Après la trêve de Thouars, Philippe renforce son autorité sur les principautés du royaume, agrandit le domaine de la Couronne (au détriment notamment de Ferrand de Flandre et de Renaud de Boulogne qui nouent une alliance avec l’Angleterre) et se prépare pour un affrontement ultime avec Jean.
Philippe Auguste nourrit de grandes ambitions : il prépare un débarquement en Angleterre dans le but de chasser Jean sans Terre du trône. Ce projet a pour origine une querelle entre le pape Innocent III et le roi d’Angleterre. En 1206, furieux du refus de Jean d’accepter Etienne Langton comme archevêque de Cantorbéry, le pape frappe le royaume d’Angleterre d’interdit : les églises ferment, la messe dominicale est supprimée, le pape excommunie Jean en 1209 et le dépose en 1213.
Philippe confie à Louis l’opération de débarquement, lequel sera placé sur le trône d’Angleterre si c’est un succès. Hélas pour Philippe, le projet est mis en difficulté par la réconciliation de dernière minute de Jean et du pape : le roi d’Angleterre accepte Etienne Langton et obtient la levée de l’interdit. Deux jours plus tard, il se déclare même vassal du pape, s’engageant à lui verser chaque année la somme de 100 000 livres sterling. Innocent III n’est désormais plus l’ennemi de Jean sans terre, mais son protecteur. Il interdit à Philippe d’agir contre lui sous peine d’excommunication.
Philippe ne renonce pas pour autant à son projet qui lui a coûté de fortes sommes d’argent, mais ce sont les Anglais qui débarquent en France, profitant d’une querelle entre Philippe et Ferrand de Flandre. Ils tombent sur une partie de la flotte française ancrée dans le port de Damme, le 30 mai 1213. C’est une déroute pour les Français qui voient une grande partie de leur flotte incendiée.
La coalition contre la France
Jean décide de mener la guerre en France. Il a dans son camp Ferrand de Flandre, Renaud de Boulogne et l’empereur Otton de Brunswick. Ferrand a pour tâche de tenir un front nord chargé d’occuper le roi de France tandis que Jean doit organiser l’invasion par le Sud (à partir du Poitou) pour prendre Philippe en tenaille. Les opérations militaires débutent au début de l’année 1213 et durent un an, aucun camp ne prenant l’avantage sur l’autre. Jean débarque à La Rochelle mi-février 1214, rassemble ses vassaux et progresse vers le Nord. Le 2 Juillet, il est mis en échec devant le château de La Roche-aux-Moines par Louis. Les Anglais refluent.
Le roi d’Angleterre se retire à La Rochelle et donne à ses alliés le signal d’une attaque par le Nord. Il s’agit cette fois d’une bataille rangée, affrontement alors très rare à l’époque (le dernier roi de France qui s’y est risqué est Louis VI le Gros en 1119 !). L’armée ennemie rassemble Otton de Brunswick, Ferrand de Flandre, Renaud de Boulogne, le comte de Salisbury, le duc de Brabant, un certain nombre de seigneurs germaniques, les milices de plusieurs villes flamandes et des mercenaires payés par Jean. L’armée de Philippe Auguste fait mouvement en direction de Lille.
La bataille de Bouvines (27 juillet 1214)
La rencontre a lieu sur la rivière Marcques, près du pont de Bouvines. Le 27 juillet tombe un dimanche ; or, l’Eglise interdit de combattre ce jour là. Renaud de Boulogne souhaite attendre le lendemain tandis que Hugues de Boves veut attaquer le jour même pour mettre à profit le moment où les Français franchiront le pont.
Du côté de Philippe Auguste, Philippe de Courtenay et le duc de Bourgogne conseillent d’attendre le lundi. En revanche, frère Guérin, hospitalier devenu évêque de Senlis, remarque que les troupes ennemies sont en ordre de bataille et en avertit le roi. Philippe décide de mener la bataille.
Cet affrontement a une valeur sacrée : le roi accomplit les rites propres à l’ordalie ; Dieu est fait juge et donnera la victoire au camp qui est le sien. Le roi prie dans la chapelle de campagne et harangue les troupes autour de l’oriflamme de saint Denis, en insistant sur la sainteté de leur combat : ses soldats combattent pour Dieu et les libertés contre le camp des excommuniés. Guillaume de Breton, historiographe du roi, fait entonner des psaumes.
La bataille de Bouvines (Grandes Chroniques de France).
Le combat s’engage. Une première charge de cavalerie française contre les chevaliers flamands fait peu de dégâts mais blesse Ferrand de Flandre qui doit se rendre. Au centre du champ de bataille, les chevaliers de Philippe résistent aux assauts de Renaud de Boulogne et d’Otton, dont les soldats arborent une bannière représentant un aigle surmontant un dragon. Des fantassins des villes flamandes parviennent jusqu’auprès de Philippe Auguste qui se trouve cerné. Le roi en grand danger est sauvé in extremis par l’arrivée d’un groupe de chevaliers qui lui amènent un cheval. Les Français contre-attaquent : Guillaume des Barres et deux chevaliers parviennent même jusqu’à Otton et essaient de le désarçonner. Celui-ci est ramené par ses soldats en un endroit sûr. C’est alors que les coalisés commencent à perdre pied ; l’étendard d’Otton tombe même aux mains des Français. Seul Renaud de Boulogne tient bon, menant de lourdes charges puis faisant demi-tour pour se réfugier derrière des fantassins armés de longues piques. Néanmoins, un fantassin français parvient à abattre le cheval de Renaud, lequel se retrouve immobilisé.
Quand le son des trompes retentit, les Français regagnent leur camp dans l’allégresse : ils ont remporté la victoire ! Et quelle victoire : Philippe gagne un important butin, dispose d’un grand nombre de prisonniers dont ses ennemis les plus acharnés : Ferrand de Flandre, Renaud de Boulogne et le comte de Salisbury.
Les conséquences de la victoire
La victoire de Bouvines joue un rôle décisif dans la consolidation du pouvoir capétien et dans la renommée de Philippe Auguste. L’historiographe Guillaume le Breton consacre à cette bataille plusieurs chants de son grand poème épique, La Philippide (inspiré d’Homère et de Virgile). Partout dans le royaume, la population manifeste sa joie, phénomène symbolisant le début de cristallisation du sentiment national entre le roi et son peuple. Lorsque Philippe rentre dans Paris, la ville s’illumine de flambeaux tandis que s’élèvent des louanges à la gloire du roi. Philippe se voit débarrassé de la menace anglaise tandis que dans l’Empire, Otton de Brunswick doit laisser sa place à Frédéric II, candidat qui satisfait la France.
L’expédition d’Angleterre
Après Bouvines, l’espoir d’une conquête de l’Angleterre à la manière de Guillaume le Conquérant (1066) renaît. Une partie des barons anglais décident de passer dans le camp du prince Louis contre Jean sans Terre, impopulaire dans son royaume. Louis s’embarque pour l’Angleterre en 1216 avec une importante armée composée de mercenaires et de plusieurs bons capitaines. Au début de l’expédition, Louis est excommunié par le pape en raison de la suzeraineté pontificale sur l’Angleterre. Philippe prend soin de se désolidariser en apparence afin de ne pas s’attirer les foudres du pape. Le début de la campagne d’Angleterre est un véritable succès, et Jean sans Terre doit s’enfuir à Winchester. Des mercenaires flamands changent de camp en rejoignant Louis. La situation semble perdue pour le Plantagenêt qui ne peut compter sur le soutien que d’une petite partie de l’aristocratie et du clergé.
Hélas pour Louis, la mort de Jean vient contrarier ses plans, le 19 octobre 1216. Se trouvant débarrassés d’un roi tyrannique, plusieurs barons anglais rejoignent le camp du nouveau roi Henri III tandis que le nouveau pape Honorius III renouvelle l’excommunication de son prédécesseur. Les partisans de Louis perdent l’enthousiasme des débuts. A la suite de la désastreuse défaite française de Lincoln (la moitié des combattants y sont faits prisonniers), Louis demande une trêve et tente de chercher des renforts. Il ne peut rien attendre de son père, contraint d’adopter une attitude neutre en raison de l’excommunication pontificale. Les renforts rassemblés par Blanche de Castille, sa femme, ne parviennent pas à destination : la flotte de secours est détruite au large de Sandwich. Louis est acculé à la négociation : par le traité de Lambeth, signé le 11 septembre 1217, il abandonne son projet en échange d’une somme de dix mille marcs d’argent ; le pape lève son excommunication en échange du paiement de la dîme (1/10e des revenus) pendant deux ans pour financer la croisade. Louis ne sera pas roi d’Angleterre.
La réforme de l’administration et des finances
Durant son règne, Philippe Auguste cherche à renforcer le pouvoir royal. Au sein de son gouvernement, le roi écarte les grands seigneurs des décisions politiques, et s’appuie sur des « hommes nouveaux » qui lui sont totalement dévoués. Ces hommes se réunissent dans un conseil restreint, ce qui permet une plus grande efficacité et de mieux garder le secret des décisions prises.
Au niveau de la réforme administrative, le roi cherche à superposer voire à substituer aux personnages locaux depuis longtemps en place un personnel fidèle et révocable ; ainsi sont créés en 1190 les baillis, agents du roi chargés de récolter les revenus exceptionnels, de surveiller et contrôler les prévôts en place, de faire exécuter localement les ordres royaux. Le roi promeut également l’écrit, ce qui se traduit par la création des Archives royales mais aussi par le développement de la mise à l’écrit des enquêtes, des ressources financières et militaires, etc.
Au niveau financier la perception des ressources est mieux contrôlée : baillis et prévôts doivent rendre compte trois fois par an de leur gestion et remettre au Trésor royal les sommes collectées. Le développement de l’écrit permet une gestion plus rigoureuse : les premiers comptes de la monarchie datent de 1202-1203.
Enfin, notons que de cette époque datent les premiers documents désignant Philippe Auguste non pas « roi des Francs » (rex Francorum) mais « roi de France » (rex Franciae) ; Philippe est roi d’un véritable Etat (et non plus du domaine royal), mieux organisé et gouverné.
La fin du règne
La fin du règne de Philippe Auguste est marquée par la croisade des Albigeois (1208-1249) ; le roi décide de ne pas y prendre part, laissant ses fougueux nobles s’en occuper. Au pape qui le presse de se croiser, il explique : « J’ai aux flancs deux grands et terribles lions, l’empereur Otton et le roi Jean, ainsi ne puis-je sortir de France. » Le royaume connaît dans les dernières années une grande prospérité économique : l’excédent du Trésor de 1221 est supérieur à 25 000 livres !
Philippe voit son état de santé se dégrader. Alors à Pacy (Nord-Ouest de Paris), il décide de se rendre à Paris pour assister à une réunion ecclésiastique sur la préparation de futures croisades ; mais il ne survit pas au voyage : il décède le 14 juillet 1223 à Mantes. Le corps est rapidement ramené à Paris et on dit que plusieurs miracles se seraient produits sur le chemin du convoi mortuaire. En signe de reconnaissance, le corps du défunt roi est placé à côté de celui de Dagobert, roi qui fit de la basilique Saint-Denis la nécropole royale.
Bibliographie :
Jean-Christophe CASSARD, L’âge d’or capétien, 1180-1328, Paris, Belin, 2011.
Jean FLORI, Philippe Auguste : la naissance de l’Etat monarchique, Paris, Tallandier, 2007.