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L'Histoire de France, de l'Europe & du Monde

Depuis la doctrine Monroe (1821), la politique extérieure américaine était marquée par l’isolationnisme et la participation à la Grande Guerre à partir de 1917 fut une exception à la règle. Avec la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis rompent définitivement avec l’isolationnisme et s’impliquent dans le monde en tant que superpuissance. De 1947 à 1991, les rapports des Etats-Unis avec le monde sont marqués par le contexte de la guerre froide ; il s’agit de contenir et combattre le communisme. Après la chute de l’URSS, les Etats-Unis, seule superpuissance, s’engagent dans une politique de promotion de la démocratie, du libre-échange et de l’économie de marché.

Les Etats-Unis, défenseurs du monde libre (1945-1962)

Une superpuissance à la fin de la Seconde Guerre mondiale

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis sont sans aucun rival économiquement, politiquement, militairement, culturellement. Au niveau économique, ils sont l’un des seuls pays alliés dont le territoire a été épargné par le conflit : l’Europe, l’Asie de l’Est et une partie de l’URSS sont dévastés. Ils réalisent la moitié du PIB mondial et détiennent les deux tiers des réserves mondiales d’or. Grande puissance industrielle, ils sont à l’origine de 90 % de la production mondiale dans l’automobile, la construction navale et l’aéronautique. Les Etats-Unis disposent aussi d’une avance technologique énorme, et sont à l’origine de tas de produits nouveaux comme l’ordinateur, les textiles synthétiques et les plastiques. Au niveau militaire, ils ont la première armée du monde en effectifs et sont les seuls à disposer de la bombe atomique (l’URSS n’en est doté qu’en 1949).

Au niveau culturel, l’image des Etats-Unis est positive dans le monde occidental ; des produits nouveaux arrivent en Europe avec les soldats américains comme le Coca-Cola, le chewing-gum ou les bas nylon, produits qui exercent une véritable fascination sur les populations libérées. L’American way of life (mode de vie américain) fascine l’Europe et est transmis à travers les produits de consommation courante, les films, la musique, …

Au niveau politique et diplomatique, les Etats-Unis participent en 1945 à fonder l’ONU qui établit son siège à New York ; ils sont l’un des membres permanents du Conseil de sécurité, disposant d’un veto, avec la France, le Royaume-Uni, l’URSS et la Chine. En 1949, est crée l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), alliance permanente entre les pays européens libres et les Etats-Unis, qui prévoit entre autres une assistance mutuelle de nature militaire si l’un des membres est attaqué.

De la doctrine Truman à la guerre de Corée

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Affiche française en faveur
du plan Marshall (1947).

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les tensions montent entre les Etats-Unis et l’URSS. L’URSS étend son influence en installant des gouvernements communistes dans les pays qu’ils ont libérés. En Grèce, une guerre civile oppose communistes et royalistes, lesquels sont soutenus par les Etats-Unis et l’URSS. En mars 1947, le président Truman énonce la doctrine qui est associée à son nom. Le pays se pose en champion du « monde libre » face à la menace soviétique. Le communisme doit être endigué (doctrine du containment) à la fois par une aide économique et la garantie d’une protection militaire. Cette aide économique se traduit par le plan Marshall (juin 1947), prêts accordés aux pays européens pour leur reconstruction (13 milliards de dollars). La rivalité entre les Etats-Unis et l’URSS débouche sur des guerres sur des territoires périphériques, comme en 1950 en Corée.

Le 25 juin 1950, pour la première fois dans la guerre froide, les troupes d’un pays communiste attaquent un pays non communiste dans un but de conquête. Conformément à la doctrine du containment, les forces américaines, d’abord aériennes et navales, viennent au secours des Sud-Coréens. L’ONU, à la demande du délégué américain et en l’absence du délégué soviétique, condamne l’agression. Les troupes américaines parviennent à repousser l’armée nord-coréenne et à franchir le 38e parallèle (frontière entre les deux Corées), ce qui entraîne l’intervention de plus d’un demi-million de « volontaires chinois » aux côtés des Nord-Coréens. Les Américains et Sud-Américains sont d’abord repoussés puis reprennent l’avantage en janvier 1951. Le conflit se transforme en guerre de position à partir de mai 1951. Un armistice est signé deux ans plus tard. La guerre de Corée a d’importantes répercussions sur la politique extérieure américaine : les troupes américaines stationnées en Europe sont renforcées, l’OTAN est étendue (la Grèce et la Turquie y adhèrent en 1952) et l’implication des Etats-Unis est accentuée en Asie (aide à la France en Indochine, pacte de sécurité nippo-américain en 1951, pacte de sécurité du Pacifique conclu entre les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande la même année).

Les Etats-Unis, du doute à la victoire (1962-1991)

De la crise des missiles de Cuba à l’échec vietnamien

Le débarquement de 1400 Cubains anticastristes dans la baie des Cochons en avril 1961 est un désastre. Fidel Castro se rapproche de l’URSS qui lui livre des missiles balistiques. Des bases pour missiles sont découvertes en octobre 1962 ; Kennedy décide alors d’établir un blocus de l’île pour empêcher l’arrivée d’armes soviétiques. L’URSS décide de retirer ses missiles en échange de la promesse des Etats-Unis de ne pas essayer d’envahir l’île et du retrait des missiles américains en Turquie. Une des plus graves crises de la guerre froide vient de se terminer ; deux ans plus tard éclate une nouvelle guerre périphérique au Vietnam.

Depuis 1954, le Vietnam est divisé en deux : un Nord-Vietnam communiste et un Sud-Vietnam aux mains de nationalistes anticommunistes. Une rébellion communiste au Sud, soutenue par le Nord-Vietnam, tente de réunifier le pays au profit du Nord. le Sud-Vietnam perdant du terrain, les Etats-Unis s’engagent à partir de février 1964. Le conflit s’enlise : les Nord-Vietnamiens résistent malgré un déploiement énorme de moyens et l’utilisation assumée d’armes chimiques par les Etats-Unis, tandis que l’opinion publique américaine est de plus en plus hostile à l’intervention. Les Américains finissent par se retirer en 1973 ; en 1975, le Sud-Vietnam tombe aux mains des communistes. La plus longue guerre des Etats-Unis se solde par une défaite, avec de lourdes conséquences économiques (la guerre aurait coûté 120 à 150 milliards de dollars) et psychologiques (réticences à s’engager de nouveau).

« America is back » (années 1980)

La fin des années 1970 est marquée par un regain de tensions. En décembre 1979, l’URSS intervient pour la première fois en dehors du bloc communiste en envahissant l’Afghanistan. Le président Carter fait adopter des mesures de rétorsion telles que le retrait du texte du traité SALT II de 1979 (sur la limitation des armements stratégiques) et la fin des ventes de technologies avancées et de céréales à l’URSS. Les Jeux olympiques de Moscou de 1980 sont boycottés. En 1979 également, le shah d’Iran est renversé par l’ayatollah Khomeini après une révolution islamiste, alors que l’Iran constituait un pays stratégique pour les Etats-Unis dans la région. Un embargo contre l’Iran est décidé en 1980.

En 1980, le républicain Ronald Reagan remporte haut la main la présidentielle face à Carter. Il promet entre autres de gagner la guerre froide et de rendre sa grandeur à l’Amérique (« America is back » est l’un de ses slogans). Il est réélu en 1984. Lors de ses deux mandats, il renforce le budget de la Défense (de 5 % du PIB dans les années 1970 il passe à 7 % en 1986). En mars 1983, il dénonce l’URSS comme « l’Empire du mal » et annonce le même mois l’initiative de défense stratégique (IDS) visant à mettre le territoire américain à l’abri des missiles soviétiques grâce à des satellites pouvant les détruire en vol (coup de bluff au vu de la technologie de l’époque). Les Etats-Unis procèdent à l’installation de missiles en Europe à la fin de l’année 1983. Parallèlement, la stratégie du containment est poursuivie avec un soutien aux mouvements anticommunistes du monde entier : guérilla antimarxiste au Nicaragua (régime considéré comme communiste), talibans en lutte avec l’URSS en Afghanistan, aide apportée au président José Napoleon Duarte du Salvador face aux mouvements marxistes. L’accession à la tête de l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev (1985), plus ouvert au dialogue, apaise néanmoins les tensions. C’est sous la présidence de George H. Bush que le bloc de l’Est s’effondre avec la chute du mur de Berlin (1989), la fin des Républiques populaires d’Europe de l’Est puis la dislocation de l’URSS (1991).

Les Etats-Unis, hyperpuissance sans rival (1991-2001)

Les « gendarmes du monde »

A la sortie de la guerre froide, les Etats-Unis se retrouvent sans rival. Leur puissance est d’abord militaire (50 % de l’armement nucléaire mondial). Au niveau diplomatique, leur influence s’accroît avec l’adhésion des pays d’Europe de l’Est, anciennement communistes, à l’OTAN (Pologne, Hongrie et République tchèque dès 1990) et l’adoption par ces pays du modèle libéral. Au plan économique et technologique, ils demeurent le principal foyer d’innovation et moteurs de la troisième industrialisation (informatique, aéronautique, aréospatial, …).

Les Etats-Unis interviennent en janvier 1991 lors de la première guerre du Golfe sous l’égide de l’ONU. L’Irak avait envahi le Koweït en 1990 pour ses ressources en pétrole. L’opération « Tempête du Désert » est un succès pour les Etats-Unis : le Koweït est libéré. George H. Bush renonce toutefois à aller jusqu’à Bagdad. Brent Scowcroft, conseiller du président Bush pour les affaires de sécurité, lance alors l’idée d’un « nouvel ordre mondial » après l’agression irakienne contre le Koweït. Les Etats-Unis doivent se faire les défenseurs du droit dans le monde. Par la suite, au cours des années 1990, les Etats-Unis interviennent dans le cadre de l’OTAN en 1995 dans la guerre de Bosnie-Herzégovine, guerre de 1992 à 1995 opposant Serbes, Croates et Bosniaques dans un contexte de renaissance des nationalismes ; puis, en 1998, toujours dans le cadre de l’OTAN, dans la guerre du Kosovo qui oppose Albanais du Kosovo et Serbes de 1996 à 1999.

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Parade militaire à New York en juin 1991 après la guerre du Golfe.

La politique de l’enlargement

Les élections de 1992 amènent au pouvoir le démocrate Bill Clinton qui va effectuer deux mandats (1993-2001). La politique extérieure n’est plus une priorité même si le nouveau président est attaché à la prééminence des Etats-Unis notamment en matière commerciale et mène des interventions limitées. Clinton veut promouvoir l’économie de marché, la démocratie et les droits de l’Homme dans le monde, sans pratiquer de politique agressive : c’est la politique de l’enlargment, qui s’appuie sur le soft et hard-power (respectivement influence sans contrainte et influence par la contrainte, notamment militaire). Les dépenses militaires diminuent d’un tiers sous ses deux mandats. Les Etats-Unis deviennent des interlocuteurs privilégiés pour résoudre les conflits locaux. Une rencontre est ainsi organisée entre Yasser Arafat (pour la Palestine) et Yitzhak Rabin (pour Israël) en 1993 pour engager un processus de paix entre leurs deux pays (accords d’Oslo, qui seront un échec). Les Etats-Unis promeuvent l’économie de marché avec la signature à Marrakech de l’Acte final des négociations de l’Uruguay round (1994), qui institue entre autres l’OMC (créée en 1995). En 1992, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique signent l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui entre en vigueur en 1994 (zone de libre-échange).

A l’aube du XXIe siècle, les Etats-Unis restent une superpuissance : ils réalisent un tiers du PIB mondial, disposent de très loin du premier budget militaire mondial et d’une influence culturelle considérable. La puissance américaine va pourtant être bousculée par les attentats du 11 septembre 2001 (avions projetés sur le World Trace Center et le Pentagone) et surtout ses conséquences (guerre en Afghanistan, en Irak avec la déstabilisation du Moyen-Orient qui va suivre).

Bibliographie :
NOUAILHAT Yves-Henri, Les Etats-Unis de 1917 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2009.

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